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Octobre rose


Quand le cancer du sein touche ta lignée de femmes, de mères et de filles



Comme vous le savez sur ce blog, j'alterne des articles informatifs sur les sujets de la périnatalité, des chroniques de mon métier d'accompagnante périnatale, et de temps en temps des articles plus intimes en fonction de mes inspirations. Ce mois d'octobre est tout trouvé pour partager avec vous sur le cancer du sein. Ce très vaste sujet peut être traité de mille et une façon, selon des angles et des points de vue bien différents. De par mon métier d’accompagnante périnatale et de par mon histoire, j'ai choisi d'en parler selon 2 angles:

  • celui de l'accompagnement de l'autre, mais aussi de soi

  • celui des résonances sur notre lignée de femme, de mères et de filles quand le cancer frappe une famille.


Une année de chamboulements intenses


Cette année 2020 a été marquée pour tous de grands chamboulements inattendus auxquels nous avons été contraints de nous adapter. Pour ma part, elle a été d’autant plus marquée que ma maman a fait face, en plein confinement, à ce crabe qui avait décidé de s’installer en elle pour la première fois à 64 ans.


Passé le cap très douloureux d'une annonce qui fait peur, qui fait froid, qui remue au fond de nos tripes et de nos cœurs, je suis entrée dans la phase de l'accompagnement dans le sens le plus pur du terme. La vie a voulu d'autant plus me prouver qu'accompagner l'autre ce n'est pas "faire" mais bel et bien "être". Une expérience de vie, de femme, de fille que je n'oublierai jamais.

Face à ce crabe, ma mère a été une lionne. Une détermination sans faille à vivre et survivre. Elle a prouvé à son corps et à son âme que ce que la vie lui proposait ne serait qu'une parenthèse dans laquelle elle puiserait des apprentissages pour lui permettre de vivre encore plus fort après.


Une réalité bouleversante


Les premiers moments de mon accompagnement ont été surement un peu maladroits. Je voulais tout "bien faire" pour ma maman. Mais il m'a fallu d'abord comprendre ce dont elle avait besoin. Et comment le savoir, face à cet inconnu ? On avait pourtant un peu déjà connu cette maladie, en fait on la connaît tous déjà, mais pas vraiment...pas de manière concrète, réelle, dans le quotidien, dans les phases, dans les cheveux qui vont tomber ou pas, dans la manière dont va réagir le corps au traitement, dans ce qu'on pourra faire et ne plus faire, dans le rythme de l'agenda dans lequel les priorités sont aux rendez-vous médicaux, aux examens invasifs, aux contrôles chargés d'autant d'espoir que d'angoisses...


Alors j'ai écouté, tout simplement. Ecouté ses doutes, ses peurs, ses plans, ses envies, ses frustrations. Bien sûr au début j'avais envie de proposer une solution à chaque situation. Mais non, j'ai écouté encore, encore plus fort avec mon cœur. Celui là même qui pleurait si fort à l'idée que ma mère pouvait souffrir, à l'idée même de la perdre. Petit à petit, j'ai décelé les besoins les plus essentiels pour elle. Celui d'être en confiance avec les équipes médicales et le lieu de sa prise en charge. Celui de s'entourer de proches soutenants et bienveillants. Celui de sa féminité qu'elle imaginait s'envoler.


La première aide concrète a été de l'emmener avant même le début de la chimiothérapie chez une spécialiste capillaire pour trouver une perruque. Consciente de ce besoin de conseils pas que "techniques" j'ai déniché la perle rare, Laetitia, dans son salon Wigs à Bordeaux. Ma maman avait vraiment besoin de planifier ce moment où ca arriverait, pour ne pas être prise au dépourvu, pour avoir le temps de choisir avant quelle serait sa coiffure quand elle n'aurait plus de cheveux sur la tête.

Cette après-midi a été magnifique...aussi difficile que cela aurait pu paraître, l'accompagner purement dans ce choix a été une vraie révélation pour moi. Elle savait ce qu'elle voulait et ne voulait pas, mais elle avait besoin d'être rassurée dans ses choix. Elle avait besoin que je pose des questions qu'elle n'osait pas poser, pour pouvoir se projeter et mieux vivre le moment venu. Elle avait besoin d'un regard soutenant, de voir les photos que je prenais pour lui montrer sous tous les angles. Ce moment a vraiment fondé un socle solide à notre aventure ensemble dans cette parenthèse.


Si vous saviez comme ce moment a résonné fort pour moi, tant dans mon cœur de fille que dans mon âme d'accompagnante qui accompagne tout ce qui se passe, quoi qu'il se passe...


un accompagnement du cœur

Je m'étais imaginée, avec mon frère et ma sœur, que nous nous relayerons chez elle pour la veiller, lui faire à manger, "l'obliger" à se reposer et s'écouter, s'occuper de la maison, papoter, prendre des tisanes et la soutenir physiquement. Mais voilà le Covid est passé par là...


Alors comment l'accompagner sans être là physiquement ?


Comment la soulager ? Comment faire quand la distance physique nous est imposée ? Comment aider quand ta seule présence devient un risque de contaminer une personne vulnérable d'autant plus ?



C'est là que mon accompagnement a pris tout son sens...Par la force des choses, parce que la vie m'a montré un chemin que je ne pouvais imaginer. J'ai accompagné ma maman de la manière la plus pure que j'ai pu. Par mon cœur et mes intentions profondes. Par ma pensée et ma voix. Par mes mots et mes images. Par mon écoute et mes silences. Par mes soupirs et mes respirations. Par mes prières et mes méditations. Mais par dessus tout, par ma confiance en elle. Une confiance profonde et sincère en ses ressources intérieures, en ses convictions, en sa douceur et son mental d'acier.


Je l'ai encouragée dans chacune de ses actions pour combattre son cancer. Je l'ai écoutée dans ses moments de questionnements profonds sur elle-même. Je l'ai entendue me dire un certain nombre de fois "mais tu es ma fille, ça n'est pas supposé être à toi que je dis tout ça". Ca m'a fait sourire, à chaque fois...et je répondais "ha bon ? mais si ce n'est pas à ta fille que tu peux dire ça, à qui pourrais tu bien pouvoir le dire ?..."


La transmission dans la lignée familiale


Ces questionnements profonds, ce sont ceux de la transmission. Ceux d'une lignée de femmes, de mères et de filles d'une même famille. Ma grand-mère maternelle a également eu un cancer du sein, du même côté il y a plusieurs années. Alors bien sûr, beaucoup de questions se sont bousculées. L'hérédité génétique, le transgénérationnel, la transmission émotionnelle, ce que ca vient "réparer" ou faire "travailler". Je ne partagerais pas les questionnements de ma maman, ils lui appartiennent et c'est son chemin à elle.


Mais j'aimerais partager ce qui a pu résonner pour moi, en tant que femme, que fille et que mère de 2 filles (évidement ;) ). Au fond de moi, je n'ai jamais eu ce sentiment qu'il y avait quelque chose d'héréditaire génétiquement, mais plus une transmission dans notre lignée qui devait être prise en compte pour réparer quelque chose.


Je dois dire que j'ai vécu cette période comme une véritable tempête intérieure. La vie m'avait aussi fait le cadeau de me prévoir une formation de 2 mois de méditation de pleine conscience. Comment vous dire qu'elle a pris tout son sens et m'a soutenue très fort dans ce chaos. Mais au fur et mesure des jours et des semaines, j'ai accepté d'avoir moi aussi besoin d'accompagnement et de soutien. En tant que fille, en tant que femme, en tant que mère.


Parce que ma propre mère devait, pour une période indéterminée, penser d'abord à elle. Parce que ma maman, devait mettre toute son énergie pour vivre. Alors ma maman ne pouvait pas être celle qui veille sur moi et me soutient, celle qui prend soin de son enfant et le protège. Elle devenait celle qui me causait du tourment et vers qui je ne pouvais pas m'épancher avec mes propres peurs. Et pourtant, même si c'est en partie vrai, j'ai appris à lui dire mes ressentis et mes émotions. En douceur bien sûr, mais parce que je savais aussi dans mon cœur de maman à quel point c'est important pour garder le cap, de savoir que ses enfants vont bien et de comprendre ce qui les tourmente.



Je crois que c'est aussi en partie ça que nous sommes venues réparer ensemble. Apprendre à se dire les choses les plus sensibles de fille à mère, de mère à fille. Eviter de transmettre à nouveau des peurs et des doutes sur notre corps, notre féminité, notre santé de femmes. Découvrir de nouvelles façons d'être ensemble, tisser des liens différents dans notre lignée.


On parle de tissage à la naissance de son enfant, mais je crois bien que ce maillage se fait tout au long de sa vie de fille, de mère et de femme.





La sensibilisation au dépistage du cancer du sein

Octobre rose c'est le mois qui sensibilise les femmes au dépistage. Je partage aussi mon histoire plus intime dans ce billet car c'est aussi grâce au dépistage précoce et à la palpation, réalisée régulièrement et efficacement, que ma maman a pu détecter très tôt son cancer. Je ne peux qu'inciter chaque femme, chaque fille, chaque mère a demander lors de son suivi gynécologique qu'on lui apprenne vraiment à se palper les seins efficacement.


Ma maman a mis 9 mois pour se débarrasser de son cancer, et comme je lui ai écrit : "9 mois c'est le temps que tu as porté chacun de tes enfants, c'est le temps qu'il t'a fallu pour renaitre de toi même après cette épreuve de laquelle tu ressors grandie". C'est ce dépistage précoce et régulier qui nous permet aujourd'hui de parler au passé de cette parenthèse dans nos vies.


Pendant ce mois d'octobre, c'est vraiment l'occasion d'en parler, de briser des tabous, de libérer la paroles dans nos propres familles et foyers sur le cancer du sein. Mais également de soutenir la recherche, les associations de soutien et d'accompagnement des familles et des femmes qui affrontent ces difficultés.


Pour que chaque femme et chaque famille puisse être bien accompagnée et soutenue pleinement dans la lutte contre le cancer du sein.



Ressources et liens :


La Maison Rose de Bordeaux : https://bordeaux.maisonsrose.fr/

L'association Ruban Rose : http://www.cancerdusein.org/






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